L’évaluation des risques professionnels constitue la pierre angulaire de toute démarche de prévention en milieu professionnel. Depuis plus de 20 ans, le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP) s’impose comme un outil central de gestion des risques et d’amélioration des conditions de travail. Obligatoire pour tous les employeurs dès l'embauche du premier salarié, il doit faire l’objet d’une attention rigoureuse et d’une mise à jour régulière.
Dans cet article, GPWorkers vous propose une synthèse complète sur le DUERP, ses obligations légales, ses enjeux pratiques, et les outils à mobiliser pour le mettre en œuvre efficacement.
Sommaire
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Risques psychosociaux et DUERP : une évaluation indispensable
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Pourquoi le DUERP est un levier stratégique pour l’entreprise
Qu’est-ce que le DUERP et pourquoi est-il obligatoire ?
Créé par le décret du 5 novembre 2001, le DUERP répond à une obligation imposée par le Code du travail, qui impose à l’employeur de transcrire les résultats de l’évaluation des risques dans un document écrit, accessible et consultable.
L’objectif ? Prévenir les accidents du travail, les maladies professionnelles, et plus globalement protéger la santé physique et mentale des salariés.
La tenue du DUERP est obligatoire dans toutes les entreprises, quels que soient leur secteur d’activité et leur effectif, dès lors qu’au moins un salarié est présent.
Contenu obligatoire du DUERP
Le contenu du Document Unique n’est pas laissé à l’appréciation de l’employeur : il doit suivre une démarche structurée et compréhensible, basée sur les principes généraux de prévention.
Le DUERP doit comporter :
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Une délimitation précise des unités de travail (par poste, par service, par fonction, ou par zone géographique).
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Une identification systématique des dangers (agents chimiques, chutes, postures, bruit, RPS, etc.).
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Une évaluation des risques en analysant la gravité et la probabilité de survenue.
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Une hiérarchisation des risques, afin de prioriser les actions correctives et préventives.
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Une traçabilité des méthodes utilisées pour l’analyse des risques.
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Un plan d’action qui en découle, avec les mesures de prévention à mettre en œuvre, les ressources associées et les délais.
Cette évaluation doit être réaliste, concrète et adaptée à la réalité de terrain. Il est donc crucial d’impliquer les équipes opérationnelles dans sa construction.
Mise à jour du DUERP : quand et comment ?
La mise à jour du Document Unique n’est pas ponctuelle mais doit intervenir dans plusieurs cas de figure :
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Au moins une fois par an, dans toutes les entreprises de plus de 11 salariés.
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Lors de toute décision importante modifiant les conditions de travail ou la santé et sécurité (réorganisation, nouveaux équipements, aménagements…).
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À chaque fois qu’une nouvelle information liée à un risque apparaît (accident, retour d’expérience, veille réglementaire…).
Le document doit être conservé pendant au moins 40 ans et archivé dans des conditions garantissant son accessibilité. Il doit également être tenu à disposition des représentants du personnel, du service de prévention et de santé au travail, ainsi que de l’inspection du travail.
Risques psychosociaux et DUERP : une évaluation indispensable
Souvent sous-estimés ou ignorés, les risques psychosociaux (RPS) font pourtant partie intégrante de l’évaluation. Il s'agit par exemple du stress chronique, de la surcharge de travail, du harcèlement moral, du manque de reconnaissance, ou encore des tensions organisationnelles.
Ces risques ont un impact direct sur la santé mentale, la productivité, et l’absentéisme. Ils doivent donc être traités avec autant de sérieux que les risques physiques. Des outils spécifiques permettent d’évaluer ces facteurs, comme des questionnaires anonymes, des entretiens ou des indicateurs RH (taux de turnover, arrêts maladie, etc.).
Qui élabore le DUERP ?
L’élaboration du DUERP est de la responsabilité de l’employeur, mais il ne s’agit pas d’une tâche à accomplir seul. Plusieurs acteurs peuvent intervenir dans la réalisation :
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Le salarié compétent, désigné pour s’occuper de la prévention.
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Le Service de Prévention et de Santé au Travail (SPST), qui dispose d’une expertise reconnue en évaluation des risques.
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Le Comité Social et Économique (CSE), notamment la Commission Santé, Sécurité et Conditions de Travail (CSSCT), dans les entreprises de plus de 50 salariés.
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Les référents QHSE ou ergonomes externes ou internes.
Une démarche collaborative est fortement recommandée pour garantir l’efficacité du DUERP et l’adhésion des équipes.
Quels sont les risques en cas de non-conformité ?
Ne pas établir ou ne pas mettre à jour le DUERP constitue une infraction au Code du travail, avec des sanctions pénales à la clé.
Selon l’article R. 4741-1 du Code du travail, l’employeur encourt une contravention de 5e classe, soit une amende de 1 500 euros, pouvant être portée à 3 000 euros en cas de récidive. Pour une personne morale, le montant peut atteindre 7 500 euros, également doublé en cas de récidive.
Mais au-delà de la sanction, c’est surtout la responsabilité civile et pénale de l’employeur qui est en jeu en cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle non anticipée.
Quels outils pour faciliter la mise en place du DUERP ?
La formalisation et la mise à jour du Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels peuvent s’appuyer sur différents outils méthodologiques et supports pratiques, conçus pour structurer et rendre plus lisible la démarche de prévention.
Parmi les ressources utiles, on peut citer :
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Des plateformes d’aide à l’évaluation permettant de suivre pas à pas les étapes de recensement des dangers, d’analyse des risques, et de construction du plan d’action.
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Des guides pratiques élaborés par des organismes spécialisés en prévention, détaillant les bonnes pratiques à adopter et les exigences réglementaires.
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Des modèles et grilles d’analyse incluant des tableaux de cotation, des matrices de hiérarchisation des risques, et des fiches de suivi.
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Des outils numériques facilitant l’enregistrement des évaluations, le suivi des actions correctives, les rappels de mise à jour, et l’archivage sécurisé du document.
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Des méthodes d’autoévaluation ou de diagnostic participatif, mobilisables en interne pour impliquer les salariés dans la démarche de prévention.
L’objectif est toujours le même : disposer d’un support fiable, simple d’utilisation et conforme aux obligations réglementaires, tout en permettant une mise à jour régulière et une traçabilité optimale.
Pourquoi le DUERP est un levier stratégique pour l’entreprise
Le DUERP ne doit pas être vu comme une simple contrainte administrative. Bien au contraire, c’est un outil stratégique de pilotage de la prévention, et plus globalement de la performance RH et organisationnelle.
Un DUERP bien conçu permet :
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De réduire les coûts liés aux accidents et arrêts maladie.
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De valoriser la qualité de vie au travail.
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D’améliorer l’image employeur.
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D’anticiper les obligations futures (RSE, reporting extra-financier, certifications ISO…).
En ce sens, il s’inscrit parfaitement dans la politique globale de gestion des ressources humaines et du dialogue social.
Pour aller plus loin dans votre démarche de prévention
Le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels ne doit pas être perçu comme une contrainte administrative, mais comme un outil stratégique de gestion des risques, de sécurisation du travail, et d'amélioration continue des conditions de travail.
Sa mise en œuvre rigoureuse, son actualisation régulière et son intégration dans la culture d’entreprise permettent de renforcer la prévention des accidents et des maladies professionnelles, de favoriser l'engagement des collaborateurs et de répondre aux exigences réglementaires.
En adoptant une démarche structurée et outillée, chaque employeur contribue à créer un environnement de travail plus sûr, plus sain et plus durable.